On ne peut pas ne pas communiquer
C’est un des présupposés de la PNL issu de l’un des grands axiomes de la communication, défini par l’Ecole de Palo Alto, par Watzlawick . Vous l’aurez compris, cela signifie que même sans parler, tous nos comportements sont porteurs d’un message.
Nos comportements sont en lien avec nos pensées et nos émotions. « Nos processus internes (i.e nos pensées) participent à construire nos états internes qui à leur tour viendront s’exprimer dans nos comportements externes. » C.Cudicio « Le grand Livre de la PNL »
Pour la petite histoire, dans le domaine sportif c’est Tim Gallwey, dans les années 70, qui fut pionnier dans la prise en compte de la dimension mentale au tennis et plus spécifiquement de l’influence du jeu intérieur (tout ce qui se passe à l’intérieur) sur le jeu extérieur. (1)
La meilleure illustration = Je me dis que « je ne vais pas y arriver » > je ressens du stress > je me contracte, me raidis, me tétanise, m’énerve …
Allons un peu plus loin. Si nous sommes conscients d’un certain nombre de pensées, un nombre important est inconscient.
Selon le Dr. Daniel Amen, « l’esprit produit environ 60 000 pensées par jour. C’est une pensée par seconde pendant chaque heure de réveil. Ce n’est pas étonnant que nous soyons si fatigués à la fin de la journée! Et ce qui est encore plus étonnant, c’est que de ces 60 000 pensées, 95% sont les mêmes pensées que nous avions hier, et la veille, et le jour d’avant. Ce ne serait pas si mal si ce n’était de la prochaine statistique: pour la personne moyenne, 80% de ces pensées habituelles sont négatives. Cela signifie que chaque jour, bien souvent à notre insu, la plupart d’entre nous avons plus de 45 000 pensées négatives… »
Et ça c’est « normal », héritage de notre lointain passé, notre cerveau est « câblé » pour se concentrer sur le négatif de façon à éviter ce qui pourrait nous nuire.
Eckhart Tolle dans « le pouvoir du moment présent », parle de « pensées compulsives » et souligne également que nous ne sommes pas toujours conscients de nos processus mentaux et que des pensées superficielles peuvent nous induire en erreur. Mais que même dans ce cas-là, le corps va toujours refléter l’activité mentale inconsciente sous la forme d’une émotion.
Nous savons que nos processus internes influencent notre état interne et notre comportement. Et, si nous ne faisons rien, nous vivons donc dans une sorte de « chaos » émotionnel permanent, nous passons la majorité de notre temps à revivre des situations passées ou à nous projeter dans le futur sans forcément nous rendre compte de l’impact de tout cela sur notre comportement et sur ce que nous renvoyons par l’intermédiaire du non verbal qui reste le plus fidèle reflet de nos états internes (langage du corps – posture, gestes, dilatation des pupilles et du nez, micro-mouvements … + para verbal – le volume, la hauteur de la voix, l’élocution, les intonations, le débit, la respiration.).
S’il y en qui sont maîtres dans l’art de décrypter ces messages, ce sont bien nos chevaux. Et celui dont j’aimerai vous parler aujourd’hui pour vous montrer à quel point ça va loin est « Hans le Malin » (2).
Vous avez sûrement entendu parler de ce cheval.
Au début du XXème siècle, l’histoire de Hans intéressa les foules et la communauté scientifique. Le propriétaire du cheval aurait réussi à lui apprendre, grâce aux méthodes éducatives traditionnelles enseignées pendant 4 ans, à « compter, calculer, reconnaître des couleurs et répondre par oui ou par non à des questions, grâce à des mouvements de tête ou en tapant du sabot sur le sol ». Devant ces extraordinaires capacités, il affirma alors que son cheval possédait « les mêmes facultés intellectuelles qu’un enfant de 14 ans ».
Bien sûr, cette histoire suscita autant l’admiration que le scepticisme, et devant l’impact grandissant que prenait la controverse, une commission fut finalement créée pour valider l’existence des capacités hors-norme du cheval ainsi que pour identifier leur origine.
L’examen de Hans par la Commission dura deux jours au terme desquels les membres ne purent que confirmer qu’il n’y avait pas eu de fraude, ni de « trucs » de dressage : « le cheval répond aussi en l’absence de son maître, et le fait le plus souvent sans se tromper ». Néanmoins, ils demeurèrent prudents dans leur rapport et décidèrent de mener un complément d’enquête souhaitant découvrir le secret des talents de Hans.
Le cheval fut soumis à un nouvel examen utilisant d’autres approches. Parmi celles-ci, on trouvait les 2 tests suivants : faire en sorte que Hans ne voie pas celui qui le questionne et faire en sorte que ni le cheval, ni l’expérimentateur ne connaissent la réponse à la question posée.
Et c’est à ces épreuves que Hans échoue.
Un des psychologues présents dans la commission relève que le cheval « n’est plus du tout intelligent » lorsque « il ne voit pas son interrogateur, quand la distance avec celui-ci augmente, et quand le questionneur lui-même ne connaît pas la réponse. »
Il en déduira que le questionneur doit, d’une façon ou d’une autre, dans son comportement signaler à Hans, quand il doit commencer ou quand il doit s’arrêter de taper du pied. Et en effet, le cheval est sensible aux mouvements de la tête, à la dilatation des pupilles ou des narines de celui qui l’interroge et se sert d’autres indices auditifs.
In fine, Hans était « intelligent dans l’apprentissage du langage du corps des gens et dans l’utilisation de ces signaux très subtils pour obtenir des récompenses ».
Mais cela ne s’arrête pas là. Le psychologue a également découvert à ce moment-là que « les questionneurs sont inconscients des indices subtils qu’ils transmettent. » L’histoire de Hans « démontre fort bien comment une partie de notre comportement peut échapper entièrement à l’introspection et même à l’observation ».
Autrement dit, lorsque l’expérimentateur connaissait la réponse, quelque chose d’extrêmement subtil se produisait au niveau de son comportement, qui échappait totalement à son conscient mais que le cheval, lui, percevait.
Ceci ayant été réaffirmé dans les années 2000. Des études menées sur le comportement « montrent à quel point les chevaux sont sensibles aux signaux corporels très subtils lorsqu’ils interagissent avec des humains, de la même manière qu’ils sont sensibles aux changements minimes de posture et de tonus musculaire chez les autres chevaux». « Savoir que vous communiquez inconsciemment avec votre cheval à chaque mouvement que vous faites ne peut que conduire à une meilleure relation avec lui. » (3)
Ils sont donc extrêmement sensibles et doués pour percevoir nos micros-mouvements, sachant que ceux-ci reflètent nos états internes, c’est peut-être ce que Bernard Sachsé résume si bien lorsqu’il dit que « la première chose avec laquelle le cheval est connecté c’est avec l’intériorité du cavalier. »
Une étude menée au Royaume Uni entre 2014 et 2015 (4) rapporte « la première preuve de la capacité des chevaux à discriminer spontanément, sur le plan comportemental et physiologique, entre les expressions faciales humaines positives et négatives. » Les chercheurs ayant mis en évidence une manière d’appréhender le stimulus négatif bien particulière (œil gauche – hémisphère droit), ainsi qu’une augmentation de la fréquence cardiaque et pour certains chevaux, un comportement lié au stress.
Ce qui nous intéressera, c’est surtout le « comment ». Comment sont-ils capables de reconnaître des émotions faciales humaines ? Nous qui sommes morphologiquement tellement différents ? Pour les chercheurs « les chevaux peuvent avoir adapté une capacité préexistante (ancestrale) à répondre de manière appropriée aux expressions émotionnelles négatives des congénères et, tout au long de leur coévolution avec les humains, transféré cette capacité sur une espèce morphologiquement différente. » Ou bien, ce qui semble plus intéressant « les individus peuvent avoir appris à interpréter les expressions humaines au cours de leur expérience de vie avec des humains. »
Mais ils ne font pas que les reconnaître, ils les mémorisent également (Etude britannique – Karen McComb), « ce qui leur permet d’utiliser plus tard ces informations pour identifier les personnes pouvant constituer une menace potentielle ».
Rappelons enfin que « les chevaux sont capables de détecter la direction du regard et l’attention visuelle portée par les humains : ils obéissent mieux lorsqu’on les regarde. Ils sont même capables de détecter si on « fait semblant » : un regard dans leur direction mais pas centré sur eux a un impact (négatif) sur l’obéissance et l’attention du cheval » (Sankey et al. 2011).(5)
Certes il ne s’agit que de quelques études, et qui traitent pour la plupart de la relation homme-cheval à pieds. Mais pensez-vous vraiment que notre comportement n’influence pas de la même manière le cheval lorsque nous sommes assis sur son dos ? En contact direct avec lui ? Je me plais à penser qu’il y a peut-être même de ce fait un phénomène amplificateur certain.
En conclusion, prenons conscience que la manière dont nous fonctionnons cognitivement nous amène à expérimenter une palette d’états internes que le cheval, grâce à son extraordinaire sensibilité, ressent par l’intermédiaire de notre comportement.
Nous ne savons pas s’il est capable d’identifier toutes nos émotions mais on peut quand même affirmer qu’il est connecté à notre intériorité par l’intermédiaire de notre comportement et que notre manière d’entrer en relation avec lui aura un impact sur son bien-être.
Après, c’est une question de choix. On peut se contenter de trouver ça intéressant et continuer de faire comme d’habitude ou y voir une véritable piste d’amélioration de la relation homme-cheval.
Comme on sait aujourd’hui qu’il est connecté à nous, faisons en sorte de travailler notre état interne pour lui communiquer calme et confiance, et pour faire naître une relation privilégiée. C’est dans la qualité de cette relation que naissent les grandes performances, les moments d’harmonie véritable, la progression pérenne …
Oliveira disait « La technique peut mener jusqu’à un certain niveau, au-delà, il faut l’adhésion psychologique du cheval. »
Et je pense que c’est à méditer …
1. https://www.pepite-sc.com/tennis-coaching-entreprise/
2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_le_Malin
4. https://www.horsetalk.co.nz/2018/04/28/horses-remember-human-emotions-study/
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