L' acceptation
I. Définition de l'acceptation
Le mot « acceptation » a une histoire intéressante. Il trouve ses racines dans le latin « acceptatio », dérivé du verbe « accipere », qui signifie « recevoir » ou « accepter ». Dans son sens premier “accepter” c’est “être d’accord”, “consentir”. Et c’est bien comme cela que nous l’avons appris. “J’accepte tes excuses”, “j’accepte de venir diner chez toi ce soir”, “j’accepte ce cadeau” veut bien dire “donner son consentement à ce qui arrive”. D’ailleurs, la définition du mot d’après le dictionnaire de l’académie française est : “consentir à recevoir quelque chose ; agréer ce qui est proposé, offert. –admettre, tolérer ; accueillir avec faveur”, et même “supporter avec résignation : Accepter un échec, l’adversité, la mort. Accepter son destin.”
Voilà comment nous avons intégré ce concept. Nous pensons qu’accepter est le premier pas vers la soumission. J’ai le souvenir d’une femme qui vivait avec un mari très égocentrique, mais qui ne pouvait se séparer de lui tant elle l’aimait. Nous avons alors parlé de l’acceptation. Elle m’a répondu : “accepter ?!!! jamais !!! se serait reconnaître que son comportement est normal alors ?!!!” Elle a parfaitement illustré cette définition. Pour elle, accepter c’était dire “je suis d’accord” et comme “je suis d’accord”, je n’ai plus rien à reprocher alors. C’était se résigner.
On pourrait dire que c’est que l’on appelle “l’acceptation passive”. Une reconnaissance de la réalité à laquelle on se résigne, comme on l’a accepté.
En psychologie cependant, le concept d’acceptation est entendu différemment. Selon Christophe André, « l‘acceptation, ce n’est pas renoncer ou se soumettre, ce n’est pas approuver, mais affronter ce qui est. Ce n’est pas dire ‘c’est bien’, mais dire ‘c’est là’. » Ainsi, l’acceptation psychologique n’implique pas d’approbation, mais plutôt de reconnaître la réalité telle qu’elle est, sans jugement ni résignation. Cela inclut l’accueil des aspects internes de soi de la même manière.
La distinction entre ces deux acceptions est ténue mais elle existe bel et bien. Pour mon amie, l’acceptation plus “active” cette fois aurait entraînée une perception différente des choses. En reconnaissant simplement que “oui, c’est un fait, il est égocentrique”, elle aurait pu entrevoir que le plus important c’était : “maintenant, avec ça, qu’est-ce que je fais ? comment je réagis ?”
Ainsi, plutôt que de considérer l’acceptation comme une action simple qui signifierait approuver et se résigner, il est plus utile de la voir comme :”reconnaître la présence “, qui est un prérequis à quelque chose qui va vraiment vous aider : l’adaptation.
II. Utilité de l’acceptation
Tant que mon amie n’avait pas accepté l’égocentrisme de son mari, elle ne pouvait s’y adapter. Occupée à lutter contre cela tous les jours, à se mettre en colère et à multiplier les discussions interminables, elle était dans une souffrance quotidienne.
Alors qu’une reconnaissance consciente et sans résistance, même lorsque cela va à l’encontre de ses préférences, lui aurait permis d’apaiser le tumulte intérieur et de libérer de l’énergie pour répondre de manière constructive aux défis de la vie.
Une fois que l’acceptation a eu lieu, l’adaptation implique d’ajuster sa réponse à la situation en conséquence. Cela peut inclure la recherche de nouvelles stratégies, la modification de ses comportements ou la révision de ses objectifs pour mieux répondre à la réalité acceptée. Si vous n’acceptez pas le réel, vous ne pouvez pas vous y adapter. C’est parce que vous avez dit “oui” au réel, que vous allez pouvoir réfléchir à ce que vous allez mettre en place.
Et petit à petit on se rend compte que ce que l’on cultive, sans s’en rendre compte, c’est la résilience, c’est-à-dire la capacité à rebondir face à l’adversité. Car, en faisant preuve d’adaptabilité, vous pouvez mieux surmonter les obstacles et vous ajuster aux circonstances.
L’acceptation est donc la porte d’entrée à la croissance personnelle et au mieux-être mental.
Pour beaucoup de cavaliers, la peur est difficile à accepter. J’ai le souvenir d’une cavalière dans ce cas là. Elle sortait en concours complet et, en la voyant partir sur son cross, tout le monde savait qu’elle était tétanisée. Son visage devenait livide, ses épaules étaient semblables à un bout de bois et elle avait même des difficultés à parler. Mais pour elle ce n’était pas ça, c’était juste la décharge d’adrénaline avant de partir. Refusant de voir la réalité et de l’accepter, elle ne pouvait pas travailler dessus et évoluer. Un jour, je me suis rendue sur le concours et j’ai filmé son visage dans la boite de départ et sur la détente. Lors du débrief, je lui ai montré le film. Se voir dans cet état a eu l’effet que j’attendais. Elle a été choquée de constater que son visage était déformé par … “oui ? par quoi ?”
L’angoisse … Et après m’avoir répondu cela, elle s’est effondrée en larmes. Elle l’avait accueillie enfin. Sa peur. Celle dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Celle qui nous fait passer pour des couards alors qu’il faut être des guerriers. Parce que c’est
bien connu, un guerrier n’a pas peur (ah bon ? vous êtes sûr de ça ?).
Une fois qu’elle a accepté qu’elle était là, nous avons pu travailler dessus.
Ainsi, comme vous le voyez, il n’est pas question de se soumettre ou de se résigner, mais simplement de reconnaître ce qui est présent, justement pour pouvoir s’en occuper.